«Trop peu, trop tard», «mépris du monde développé»... Au Nord comme au Sud, la presse mondiale sévère sur la COP29 (2024)

Par Solène Vary

Publié , mis à jour

«Trop peu, trop tard», «mépris du monde développé»... Au Nord comme au Sud, la presse mondiale sévère sur la COP29 (1)

REVUE DE PRESSE - L’accord financier trouvé à Bakou ne semble satisfaire personne. Du Nigeria à l’Allemagne, les médias dénoncent l’insuffisance de l’aide apportée aux pays en développement face au changement climatique.

Un montant « lamentablement faible et dérisoire». La déléguée indienne, Chandni Raina, a exprimé non seulement sa désapprobation mais son écœurement après deux semaines de négociations houleuses. Dans la nuit de samedi à dimanche,le sommet de Bakou s’est terminé sur un accord financier: le versement par les pays du Nord aux pays en développement d’au moins 300 milliards de dollars annuels d’ici 2035.Certains pays d’Afrique, du Pacifique et des Caraïbes en espéraient plus du triple.

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Dans ces États, les médias se font l’écho de la déception et de la résignation de leurs représentants. Le quotidien anglophone indien, Hindustan Times, qualifie de « déconcertant» « le refus persistant de l’Occident d’accepter la responsabilité des émissions historiques». Il trahit, selon le journal « le mépris total du monde développé pour les préoccupations du Sud».

Le Premium Times of Nigeria, l’un des journaux du pays le plus peuplé d’Afrique, relate la prise de parole enflammée de son représentant à la COP, qui a jugé cet accord « irréaliste», «une insulte à l’esprit et la lettre de la Convention». Un avis partagé sur TV5 Monde Afrique par l’activiste tchadienne et présidente du Forum des nations unies sur les nations autochtones, Hindou Oumarou Ibrahim.Rappelant que les pays africains réclamaient initialement 1300 milliards, elle estime l’accord « très insuffisant», avant de citer les événements climatiques majeurs qui touchent certains d’entre eux: « Au Tchad, au Mali, au Burkina Faso, les hausses de chaleur ont tué des gens il y a six mois et plus récemment, les inondations ont fait des millions de déplacés. Et nous allons bientôt avoir de l’insécurité alimentaire.»

Avec résignation, Le Pays, journal burkinabé, titre sur « La grande déception». « Pouvait-il en être autrement? L’on est tenté de répondre à cette interrogation, par la négative. Et pour cause. Les COP, depuis 1995 [...], se succèdent et se ressemblent.»

«Trop peu et trop tard»

La presse occidentale n’épargne pas non plus les faibles résultats de ce sommet qui aurait, selon le journal britannique, The Guardian, « brisé la confiance mondiale et sapé les progrès récents». Le journaliste résume d’une formule le point de vue des pays du sud: « Trop peu et trop tard». Le rédacteur en chef économie de Die Welt, le quotidien conservateur allemand, estime qu’il ne s’agit pas du « dernier sursaut du monde fossile», comme l’avait prédit la ministre des Affaires étrangères allemande, mais « le dernier sursaut des négationnistes climatiques».

Aux États-Unis, le média économique Bloomberg, moins sarcastique mais tout aussi inquiet, prédit que « le processus de coopération climatique mondiale va désormais connaître des hauts et des bas sous le poids de questions existentielles plus lourdes».

Au-delà des critiques portant sur la faiblesse des sommes allouées aux pays les plus pauvres, certains médias dénoncent le caractère pernicieux des prêts - qui représentent une partie des 300 milliards promis - , accusés d’aggraver la dette des pays pauvres. Dans le Philippine Daily Inquirer, l’éditorialiste Michael Lim Ubac s’interroge: « Pourquoi les pays en développement comme les Philippines, qui viennent d’être frappés par six tempêtes successives en l’espace d’un mois, devraient contracter des emprunts pour réparer les maisons, les infrastructures et les fermes endommagées, alors que cette dévastation induite par le climat est une conséquence de la dépendance des pays riches aux combustibles fossiles?»

« Négocier sur un pied d’égalité»

Malgré les nombreux procès en inutilité contre les COP, étant donné l’absence prétendue de volontarisme des pays riches, le Spiegel continue de défendre leur bien-fondé: « Il n’existe pas d’autre forum où les pays en voie de développement puissent négocier sur un pied d’égalité avec les pays riches.» Selon le média allemand, l’argument selon lequel on pourrait tout simplementdéléguer la résolution de la crise climatique au G7 ou au G20au lieu de négocier laborieusement avec tous les pays à la COP est «antidémocratique et fait montre d’ignorance vis-à-vis des 180 autres pays du monde».

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